top of page

Chapitre 13

 

 

​

    De ces beaux yeux bleus, mon Orphée me dévisage. Sans doute, dans mon regard d’Eurydice, tente-t-il d’y déceler un soupçon de raison, quant à l’inciter à me rejoindre dans les Enfers. Décidée, je débouche le flacon et déverse près de la moitié des pilules dans la coupe que je viens de me resservir.

    « Aux Mystères qui nous attendent, Gabriel !

    Je vide cul blanc ma coupe.

    ― Le sort en est jeté ! » lance-t-il à son tour.

   D’un coup, il se verse le reste des pilules dans le gosier, et arrose le tout d’une bonne rasade bue à même le goulot de la seconde bouteille. Me levant alors, main tendue, il enserre la mienne, se met debout et après que nous nous soyons dépouillés du superflu, nous allons tous deux nous étendre sur le filin. Épousant les cordages entrecroisés, nos chairs s’offrent alors sans retenue en une orgiaque sarabande. Propulsée dans l’Acrocorinthe antique, j’officie pour ma part à cœur et à corps perdus dans la peau d’une hétaïre sacrée au sein du temple d’Aphrodite, quant à lui, cômaste enivré, il célèbre nos Dionysies lascives en se plongeant dans l’excès d’un Komos obscène, cela sans que la raison ait voix au chapitre.

 

bottom of page